laïcité Philosophe et professeur d’université, Pierre-Henri Tavoillot a créé le diplôme universitaire laïcité et gestion du fait religieux à La Sorbonne. Désigné « référent laïcité de la Région Île-de-France » en septembre 2023, il assurera le respect de la Charte régionale des valeurs de la République et de la laïcité mise en place par la Région depuis 2017.
Lancée par la Région Île-de-France en 2017, la Charte régionale des valeurs de la République et de la laïcité a inspiré plusieurs collectivités territoriales françaises et l’État dans sa loi contre le séparatisme, promulguée en août 2021.
À la Région, c’est au philosophe Pierre-Henri Tavoillot qu’a été confiée la tâche de suivre toutes les questions liées à la laïcité dans la politique régionale.
Une cellule régionale dédiée à la laïcité
Dans sa mission de conseil auprès des agents publics et des partenaires de la Région pour la mise en œuvre du principe de laïcité, Pierre-Henri Tavoillot sera assisté d’une cellule régionale de veille et d’appui baptisée « Laïcité et valeurs de la République ». Celle-ci instaurera notamment une veille pour assurer une détection des « signaux faibles » et pourra mener des audits d’organismes et d’associations financés par la Région pour s’assurer de la bonne application des dispositions de la Charte de la laïcité.
Cette cellule constituera également un pôle de ressources et de formation pour les élus, les services et les partenaires de la Région Île-de-France.
3 questions à Pierre-Henri Tavoillot, référent laïcité de la Région Île-de-France
Pouvez-vous vous présenter et nous en dire plus sur votre rapport à la question de la laïcité ?
Pierre-Henri Tavoillot : Étant philosophe, je m’intéresse à la question de la laïcité au sens large dans le domaine des idées. D’un point de vue beaucoup plus pratique, j’ai créé à la Sorbonne un diplôme universitaire de référent laïcité dont le principe est de dire que, pour être un bon référent sur ces questions, il faut à la fois beaucoup d’idées, beaucoup de culture, mais aussi beaucoup de pratique et une grande attention au réel. Ce diplôme intègre des mises en situation, de la gestion de crise et des éléments de culture.
J’ai créé cette formation à la suite des attentats de 2015. Nous étions alors nombreux à nous demander ce que nous pouvions faire face à ce type de situations. Alors j’ai fait ce que je savais faire, c’est-à-dire des formations. De fil en en aiguille, j’ai rencontré de nombreux interlocuteurs sur ces questions et commencé à me spécialiser dans le domaine de la philosophie de la laïcité, mais aussi dans la pratique.
Quelle est votre définition de la laïcité ?
P.-H. T. : C’est très simple en fait. La laïcité, c’est considérer que dans la vie il y a 3 sphères : une sphère privée où la liberté règne ; une sphère publique qui relève de l’État où la neutralité règne ; et, entre les 2, il y a la sphère civile, où c’est la discrétion qui règne. Une discrétion à l’égard des manifestations religieuses. Mais aussi une discrétion à l’égard des critiques de la religion. C’est dans cette sphère civile que se posent la plupart des problèmes. Ce qui est intéressant, c’est d’observer que le contraire de la laïcité ce n’est pas la religion, mais le fondamentalisme. Le fondamentalisme, c’est dire qu’il n’y a pas 3 sphères, mais qu’il n’y en a qu’une seule régie par une seule loi.
Pouvez-vous nous parler de votre mission de référent laïcité de la Région Île-de-France ?
P.-H. T. : Mon rôle, c’est de contribuer à poursuivre la construction d’une culture commune de la laïcité qui est déjà bien entamée à la Région Île-de-France. Je serai aussi le réceptacle des différents signalements d’atteintes à la laïcité qui seront faits. Il y a avec moi une cellule qui les gère, mais, en dernière instance, je donnerai mon avis sur ces signalements. Par ailleurs, il y a aussi la grande question des subventions. C’est-à-dire que je dois faire en sorte que l’argent public soit utilisé conformément au pacte de la laïcité. Enfin, j’aurai également une mission de formation.
Zoom sur la Charte des valeurs de la République et de la laïcité
Depuis 2016, la Région a fait du combat en faveur de la laïcité une priorité de son action. D'une part, elle forme ses agents à bien maîtriser les enjeux de la laïcité. D'autre part, les bénéficiaires de subventions régionales s’engagent à faire respecter les valeurs de la République et le principe de laïcité dans leur fonctionnement en signant la Charte. Dans le cas contraire, aucune subvention ne peut être versée. La Région a également été pionnière dans la prévention de la radicalisation dans le sport.
Partager la page