Les richesses de la gastronomie francilienne, héritée des puissants et du peuple, ne se comptent pas. Un patrimoine singulier présenté par Julie Faure, conservatrice du patrimoine à la Région Île-de-France, dans un article publié dans la récente publication "L'Île-de-France, un autre patrimoine". Découvrez-en un extrait.
L’ouvrage L'Île-de-France, un autre patrimoine s'appuie sur 40 années de recherche à l'inventaire général, et invite à découvrir ou redécouvrir les mille et une facettes du patrimoine francilien : ses églises gothiques et ses châteaux Grand Siècle, mais aussi ses aérogares, ses stades, ses cités-jardins et ses villes nouvelles, en passant par ses paysages de bord de Seine ou ses villages de caractère, qui ont inspiré les grands peintres du XIXe siècle. Découvrez tous les mois un extrait de chaque thématique abordée dans l’ouvrage.
Le patrimoine gastronomique : des produits d'excellence
« La gastronomie francilienne présente l’originalité d’être au confluent d’une double tradition : populaire et princière… Mais notre gastronomie est aussi fille de son sol, des hommes qui le cultivent et du rôle de grand marché qu’eut toujours l’Île-de-France ». Dans sa préface au tome de l’Inventaire du patrimoine culinaire de la France consacré à la région Île-de-France (1993), son président Michel Giraud soulignait la double polarité du patrimoine gastronomique francilien.
Siège de l’autorité politique, la région accueille les puissants tout au long de son histoire. Or la table des élites requiert des aliments de luxe qui sont, entre autres, produits dans les potagers et vergers des châteaux. Au XVIIe siècle, Jean-Baptiste de La Quintinie, agronome et créateur du Potager du roi, est nommé par Colbert « directeur des jardins fruitiers et potagers de toutes les maisons royales ». Il a la charge d’approvisionner la table du gourmet et gourmand Louis XIV. À Maisons, le marquis de Longueil soigne dans ses jardins, célèbres pour leur qualité et leur abondance, des melons prisés du Tout-Paris tandis qu’à Rosny, le jardinier de la duchesse de Berry ne cultive pas moins de 14 000 pieds de fraises de huit variétés différentes.
Plus généralement, c’est toute l’Île-de-France qui s’impose naturellement comme le jardin du marché parisien, caractérisé par une population nombreuse et exigeante. Cultures céréalières, maraîchères, viticoles et élevages distinguent ainsi le paysage naturel et culturel du territoire. Jusqu’au début du XIXe siècle, les produits franciliens alimentent le marché par voie terrestre ou voie d’eau. Avec l’avènement du chemin de fer, le transport ferroviaire joue un grand rôle dans ces échanges commerciaux, puis la route acquiert une place prépondérante. Le territoire francilien se constelle ainsi de lieux de production, de transformation et de distribution de produits qui feront sa renommée : pêches de Montreuil, cerise de Montmorency, menthe de Milly, haricot d’Arpajon, asperge d’Argenteuil, chasselas de Thomery, cresson de Méréville, truite d’eaux vives, poule de Houdan, moutarde de Meaux, brie de Meaux et de Melun, coulommiers... Ces produits identitaires de la région sont, depuis quelques années, remis au goût du jour par de grands chefs, comme Yannick Alleno ou Alain Ducasse, dans des recettes qui les magnifient.
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Dossier de presse : L'Ile-de-France, un autre patrimoine : Unfamiliar Heritage
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