musique Fabienne Voisin est directrice générale de l’Orchestre national d’Île-de-France depuis 11 ans. Elle nous raconte son parcours, son attachement à la musique symphonique et son souhait de la démocratiser. L’occasion de revenir sur les actualités et missions menées par l'Ondif avec le soutien de la Région.
L’Orchestre national d’Île-de-France (Ondif), avec ses 95 musiciens permanents, donne une centaine de concerts chaque saison dans les salles et théâtres franciliens.
Sa mission principale : diffuser l’art symphonique sur l’ensemble du territoire régional et tout particulièrement auprès de nouveaux publics. Il mène de nombreuses actions en faveur de l’éducation artistique culturelle pour promouvoir et faire découvrir son répertoire, ses musiciens et ses métiers à tous les Franciliens.
Fabienne Voisin, sa directrice générale depuis 2011, nous raconte son histoire, son lien à la musique symphonique et son combat pour la rendre accessible à tous avec l’Orchestre.
Composition de l'Orchestre national d’Île-de-France
- 60 cordes,
- 16 bois (flûtes, hautbois, clarinettes et bassons),
- 14 cuivres (cors, trompettes, trombones et tuba),
- 3 percussions,
- 1 timbales,
- 1 harpe.
5 questions à Fabienne Voisin, directrice générale de l'Orchestre national d'Île-de-France
Comment avez-vous rejoint l’Orchestre national d’Île-de-France ?
Fabienne Voisin : Mes parents étaient ouverts à tous les styles de musique. Ils nous ont permis, à mon frère et moi, de pratiquer un instrument dès l’âge de 5 ans : lui le violon et moi le piano. J'ai ensuite fait le conservatoire de Lyon, puis celui de Boulogne-Billancourt (92) pour préparer le conservatoire de Paris. À l'âge de 17 ans, je donnais des cours de piano et m'essayais à l’organisation de concerts. C’est cet aspect qui a fini par devenir le plus intéressant.
J’ai ensuite fait une école de commerce, approfondi l’histoire, les sciences politiques et même la fiscalité ! Cela a été pour moi comme une respiration au monde. J’ai réalisé à quel point l’histoire de la musique est une résonnance à l’Histoire. Chaque art émane de la société.
Après, j'ai passé 10 ans dans une société de production qui organisait 300 concerts par an et 2 festivals. J’avais trouvé ce que je cherchais : donner aux musiciens les meilleures conditions pour leurs concerts et réunir un public. Cela m'a permis de rencontrer de formidables artistes comme Mstislav Rostropovitch, Montserrat Caballé, ou Alexandre Lagoya et aussi… l’Orchestre national d’Île-de-France ! Intriguée par sa mission singulière, j'ai rejoint l'Orchestre plus tard dans le rôle de celle qui le propose aux salles franciliennes [NDLR : chargée de diffusion et production].
Je suis ensuite partie travailler en Afrique. Cela a été une expérience incroyable, mais aussi un choc. J’ai compris que l’absence de culture pouvait produire l’amnésie historique, le repli personnel et collectif, voir même l’inconscience de ses propres goûts ou émotions.
De retour en France, je me suis présentée au poste de direction de l’Orchestre. Ma volonté de partager la musique symphonique, avec le plus grand nombre avait redoublé. Comme la conscience d’une urgence absolue de réunir ce que la société ne parvient plus à faire : donner à chacun l’occasion d’écouter ce patrimoine universel, qui appartient à tous par essence, et de se laisser toucher par la beauté.
Rendre la musique symphonique accessible à tous les Franciliens
Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est l’Orchestre national d’Île-de-France ?
F.V. : L’Orchestre a été créé en 1974 sous l’impulsion du Plan musique de Marcel Landowski, alors directeur de la Musique au sein du ministère de la Culture d’André Malraux. L'objectif était d'en faire un orchestre symphonique itinérant, dévolu aux Franciliens, pour rendre la musique accessible à tous.
Tous formés dans les conservatoires les plus prestigieux, c’est toute la magie de l’orchestre qui opère : 95 musiciens, d’origines et d’âges différents qui se retrouvent et unissent leurs talents à la recherche de l’harmonie collective.
L’Orchestre présente plus de 4 siècles de musique et contribue à la création d’œuvres contemporaines. Il s’adapte aux petites scènes comme aux grandes et propose des œuvres en petit effectif comme en grand symphonique.
Il dispose également d'un studio d’enregistrement dans lequel il a par exemple enregistré la musique de la série Lupin, celle du film Boîte noire ou du film d’animation Minuscule 2.
Il gère également un parc instrumental de plus de 3.000 instruments dont l’objet est de soutenir la réalisation de projets musicaux avec des tarifs très accessibles pour des orchestres, festivals, mairies, associations, chorales…
Quelles sont ses missions ?
F.V. : C’est le seul orchestre itinérant dévolu au territoire francilien. Il donne plus de 100 concerts par an sur près de 60 scènes. Il est résident à la Philharmonie de Paris (19e).
C’est aussi l’un des 20 orchestres au monde les plus investis dans l’action éducative et culturelle. Il intervient dans les écoles, prépare les petites oreilles à découvrir les œuvres et suscite l’envie au travers de multiples actions. Ses musiciens sont incroyablement investis au quotidien. Ils apportent aussi la musique dans les hôpitaux, le milieu carcéral, aux seniors… L’Orchestre touche aussi près de 25.000 lycéens franciliens par an avec des actions conçues spécialement pour eux.
Quels sont les prochains grands rendez-vous de l’Orchestre ?
F.V. : Case Scaglione, jeune chef américain de 38 ans, est le directeur musicale et le chef principal de l’Orchestre. Il dessine l’ensemble des programmes et invite des chefs et solistes pour la saison.
Nous terminons d'ailleurs d’imaginer la saison 2022-2023 et travaillons sur la saison des 50 ans de l’Orchestre en 2023-2024. Cette anticipation est nécessaire pour « réserver » les chefs et solistes qui parcourent le monde, organiser les saisons avec la Philharmonie de Paris et les scènes franciliennes, nationales et internationales.
Cette semaine nous enregistrons la musique d’un film pour Netflix. Les 2 prochains rendez-vous en tournée francilienne seront placés sous la direction de Case Scaglione : le 1er programme en mars, intitulé Nuit américaine, nous emmènera aux États-Unis avec le Concerto en fa pour piano et orchestre de Georges Gershwin interprété par Marie-Ange Nguci, et la création d’un concerto pour timbales de Steven Mackey, avec notre timbalier solo Florian Cauquil. Le programme suivant, La vie céleste, proposera la monumentale Symphonie n°4 de Gustave Mahler avec la soprano Ruby Hughes.
70% des financements sont apportés par la Région
Comment la Région Île-de-France soutient l’Ondif ?
F.V. : L’Orchestre est financé à 70% par la Région Ile-de-France, 15% par la DRAC et par ses recettes propres (15%). La Région est donc son financeur principal. Nous travaillons d’une façon très constructive à l’avenir de l’Orchestre dans l’ensemble des enjeux qui nous occupent. Les sujets sont vastes. Il s'agit principalement d'atteindre l’ensemble des Franciliens, équilibrer la présence de l’Orchestre en grande et petite couronne ou réussir à se produire dans les zones sans salles.
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