Solution tout-en-1 Fondée par 2 Franciliens, Hyensas ESS est une toute jeune start-up qui aide les accumulateurs compulsifs, en combinant opérations de nettoyage et accompagnement des personnes. Rencontre avec Ibrahima Gary, cofondateur de cette entreprise accueillie au Perqo, l’incubateur de la Région Île-de-France.
En France, environ 1 personne sur 2 000 souffre du syndrome de Diogène. Souvent invisible et mal comprise, cette maladie se traduit par une accumulation excessive d’objets, un manque d’hygiène et un isolement social, allant jusqu’à rendre leur logement insalubre.
Pour aider ces personnes, Ibrahima Gary et Kaoutar Ramou ont fondé Hyensas ESS, une entreprise innovante accueillie au Perqo l'incubateur de la Région.
Au quotidien, ils combinent gestion des déchets occasionnés par le syndrome et accompagnement social pour améliorer la vie des malades. Pour en savoir plus, nous avons rencontré Ibrahima Gary.
Que signifie le nom Hyensas ESS ?
Ibrahima Gary : Hyensas est composé de plusieurs mots qui définissent notre métier : « HY » pour l’hygiène, « EN » pour l’environnement, « SA », le sanitaire, et le « S » de social, tout cela dans une démarche ESS (économie sociale et solidaire) reflétant notre engagement envers les personnes chez qui nous intervenons, ainsi que nos partenaires. Le « SAS » symbolise également notre rôle de médiateur entre les acteurs professionnels et les personnes isolées atteintes du syndrome de Diogène.
Quelles sont les caractéristiques des personnes atteintes du syndrome de Diogène ?
I. G. : Ce sont souvent des personnes qui ont vécu un traumatisme ou un changement important dans leur vie : une séparation, un décès, une perte d’emploi, une dépression ou un départ à la retraite. Elles vont se laisser aller et trouver un refuge dans l’isolement et l’accumulation, qui s’accompagne souvent d’un manque d’hygiène apparent. Il m’est déjà arrivé d’intervenir dans un appartement où la personne a accumulé tellement de déchets qu’il fallait marcher sur 80 centimètres de détritus, avec les sanitaires hors d’usage et des bouteilles en plastique remplies d’urine.
Comment est venue l’idée de créer Hyensas ESS ?
I. G. : Avant de fonder l'entreprise, j’étais ingénieur d’études sanitaires à l’Agence régionale de santé (ARS). Au sein de cette agence, j’ai été affecté au pôle « Lutte contre l’habitat indigne », où j’ai découvert de nombreuses pathologies liées aux logements insalubres, dont le syndrome de Diogène. Le manque flagrant de solutions adaptées m’a frappé : les entreprises existantes n’étaient pas suffisamment préparées pour faire face à ces situations. Elles manquaient de protocoles adéquats, de certifications et d’un suivi social. Kaoutar, mon associée, était intervenante sociale. C’est suite à ce constat que l’on a décidé de conjuguer nos compétences afin d’apporter une solution afin de venir en aide à ces personnes.
Comment intervenez-vous chez ces personnes ?
I. G. : Nous nous occupons de la gestion des déchets, du nettoyage, de la désinfection des lieux et de la remise en état de l’habitat. Nous valorisons aussi les déchets pour réduire l’impact environnemental. Un autre aspect important de notre travail est l’accompagnement social : nous nous assurons que les personnes soient par la suite bien prises en charge. Les personnes atteintes de ce syndrome étant fortement attachées à leurs possessions, il faut les aider à se reconstruire après une intervention pour éviter qu’elles ne rechutent.
Comment les accompagnez-vous ?
I. G. : Généralement, ce sont les familles ou les institutions publiques qui nous contactent. Dans un premier temps, nous construisons une relation de confiance avec l’habitant chez qui nous intervenons, pour ne pas le brusquer. Cela peut prendre du temps, d'une semaine à 6 mois selon les cas. La suite de l’accompagnement est prise en charge par des partenaires avec qui nous travaillons. Ce sont des spécialistes du syndrome de Diogène qui aident à réintégrer la société.
Comment le Perqo vous a aidé à vous lancer ?
I. G. : Le Perqo nous a offert un accompagnement et une expertise. Ça a été un sacré tremplin pour nous, une accélération dans notre projet. On nous a aidés en répondant à nos questions, mais surtout en nous confrontant à des situations auxquelles nous n’avions pas pensé. Les échanges avec d’autres entrepreneurs et les conseils reçus ont également été déterminants pour nous. Grâce au Perqo, nous rencontrons des personnes partageant des objectifs similaires aux nôtres et bénéficions d’un réseau précieux.
En quoi le Perqo a-t-il facilité votre travail avec les collectivités ?
I. G. : Nous avons gagné du temps en étant directement au contact des bons interlocuteurs. De plus, le soutien de la Région ajoute une vraie crédibilité et facilite les démarches commerciales. C’est un véritable tremplin qui nous a permis de mieux structurer nos offres de service et de répondre aux besoins spécifiques des institutions publiques.
Une anecdote pour conclure ?
I. G. : Une fois, une dame est venue à mon bureau avec des cadeaux et une lettre de remerciement. Elle nous remerciait pour notre aide, expliquant qu’elle pouvait enfin inviter des membres de sa famille, qu’elle n’avait plus honte. C’est un moment qui m’a profondément touché et qui me rappelle pourquoi nous faisons ce métier.
Gros plan sur le Perqo
Le Perqo, l’incubateur de start-up de la Région, est un véritable tremplin pour lancer vos projets à impact social et environnemental.
Installés au cœur des locaux de la Région, à Saint-Ouen (93), les porteurs de projet bénéficient d’un accompagnement personnalisé, d’un réseau dynamique et de toutes les ressources pour faire éclore leurs idées.
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