patrimoine architectural Découvrez l'Hôtel de Ville de Boulogne-Billancourt, construit entre 1931 et 1934 par l'architecte Tony Garnier, et inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1975.
Au lendemain de la Grande guerre, la loi Cornudet (1919) impose aux communes d’établir un plan de réaménagement urbain afin d’organiser, d’assainir et d’embellir leur cité. Boulogne-Billancourt qui, depuis la fin du XIXe siècle, accueille une forte concentration d’activités industrielles (blanchisserie, céramique architecturale, matériaux du bâtiment, construction mécanique et automobile, cinéma, aéronautique,…) s’est beaucoup peuplé et densément construit. Tandis que jusqu’alors les quatre mairies précédentes avaient été bâties à Boulogne, le maire André Morizet implante le nouvel hôtel de ville entre Boulogne et Billancourt, au centre géographique d’un territoire communal qu’il a largement modernisé : prolongement du métro parisien, percement de l’avenue André-Morizet, aménagement de la tête du pont de Sèvres, reconstruction du pont sur la Seine, équipements publics (écoles, crèche, dispensaire, poste,…), construction de HBM (au Point du jour).
Il s’adresse directement à l’architecte lyonnais Tony Garnier qui, lors de son séjour à Rome, s’est fait remarquer par son projet urbain de « cité industrielle » et qui, depuis, contribue à remodeler et moderniser sa ville. La commande passée en 1925 sera suivie de plusieurs avant-projets dès 1926. Après nombre d’hésitations concernant la disposition du bâtiment sur le terrain, le parti général (onze variantes seront proposées), la présence ou non d’un beffroi en façade, le chantier se déroulera sur quatre ans (1931-1934). En collaboration avec Jacques Debat-Ponsan , Garnier élabore un programme complexe articulant deux corps de bâtiments, programme qui traduit au plus juste la dualité fonctionnelle de l’édifice, entre espaces de représentation et locaux administratifs.
L’esthétisme retenu du bâtiment de réception s’inscrit dans le retour des années trente vers un néo-classicisme ici discret, mâtiné d’une modernité monumentale que confirment une façade de marbre blanc aux lignes incurvées, soulignées d’une corniche, une porte aux huisseries métalliques signées Jean Prouvé, précédée de larges degrés et coiffée d’une marquise, ainsi que des baies aux dimensions et aux vitrages imposants. Sur l’arrière, l’aile de l’administration municipale dresse une façade régulière de béton bouchardé. Inspiré du parti de la mairie de Schaerbeck, le hall intérieur qu’éclaire une verrière zénithale – véritable agora moderne – distribue d’étages en étages au moyen de vastes coursives d’acier les services ouverts au public selon un parti architectural illustrant une volonté de convivialité, d’efficacité et de transparence.
Au sein d’un courant de recherches des années trente visant à renouveler le type du monument édilitaire, parmi lequel figurent notamment les hôtels des villes de Cachan, Puteaux ou Villeurbanne, l’édifice boulonnais incarne une tentative réussie de synthèse entre classicisme et modernité, tradition et innovation ; à ce titre, il est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1975.

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