L'Île-de-France, un autre patrimoine : lever de rideau sur les théâtres Art déco

Lever de rideau sur les théâtres Art déco

Théâtres royaux, impériaux, théâtres privés d’exception, salles de concert, cabarets et music-halls... L’Île-de-France et l’architecture du spectacle entretiennent plus de 400 ans d’histoire partagée. Certains édifices parisiens – l’Opéra Garnier, la salle Pleyel ou encore le théâtre de Chaillot – ont acquis une renommée mondiale. Mais ces réalisations prestigieuses cachent une constellation de salles dont la plupart a vu le jour dans la période de l’entre-deux guerres. Retracer leur histoire, depuis le contexte de leur création jusqu’à leur situation actuelle, offre un panorama passionnant de l’évolution de l’architecture théâtrale en Île-de-France de 1910 à 1940.

À Paris, la tendance n’est plus alors aux réalisations d’envergure, il s’agit pour les architectes de satisfaire à des attentes complexes : s’adapter à des parcelles étroites, concevoir des salles emprises au sein d’immeubles de rapport, respecter l’alignement sur rue. Les grands noms de l’avant-garde architecturale ne s’emparent pas de ces projets trop contraints. Le nom des frères Perret résonne toutefois tout au long de la période. Ils sont, en tant qu’entrepreneurs, associés à bon nombre de réalisations, et, surtout, à la plus emblématique de toutes : le théâtre des Champs-Élysées, icône de l’architecture Art déco. D’autres architectes, moins connus, émergent cependant comme spécialistes de cette typologie architecturale : Charles Siclis, Auguste Bluysen ou encore les Niermans père et fils.

Hors de la capitale, la pensée utopiste et progressiste de l’entre-deux-guerres qui préside, notamment, à la création des cités-jardins franciliennes, ambitionne d’offrir des équipements culturels nécessaires à l’épanouissement des populations de ces nouveaux espaces urbains. Hôtels de ville et centres administratifs se multiplient, conçus comme de véritables agoras où la population est invitée à s’exprimer et où le pouvoir local s’incarne dans des bâtiments majestueux. De nombreuses salles des fêtes voient ainsi le jour, conçues bien souvent comme élément central et pivot de ces édifices. Destinées à accueillir concerts, spectacles vivants, conférences ou encore bals populaires, elles constituent également une vitrine du pouvoir politique que l’architecture sert avec faste, s’inscrivant en cela dans la longue tradition des espaces d’apparat.

Le désir de créer de nouveaux lieux de spectacle s’incarne aussi dans le renouveau de la pratique du théâtre de plein air. Ces théâtres, tels que la Conque de Nanterre ou le théâtre de verdure de la Roseraie du Val-de-Marne, lovés dans des écrins naturels, où les spectateurs sont installés sur des bancs de bois ou de pierre, effacent les distinctions de classes (...).

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