L’Inventaire général du patrimoine culturel a 60 ans

Une vaste entreprise scientifique de connaissance sur le patrimoine

Durant les années 1960, la croissance économique des Trente Glorieuses fait rapidement évoluer le paysage de la France qui s’industrialise et se modernise. Face à ces bouleversements, la crainte de voir disparaître un patrimoine local ainsi que l’intérêt de la Ve République pour l’aménagement du territoire conduisent André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, à créer l’Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France en 1964. Conseillé par l’historien de l’art André Chastel, cet inventaire, défini comme « une aventure de l’esprit », est une vaste entreprise scientifique de connaissance sur le patrimoine, dissociée de toute protection règlementaire.  

La mission s’intéresse au patrimoine dans toute sa diversité, « de la cathédrale à la petite cuillère », des réalisations les plus spectaculaires aux objets les plus quotidiens. 

Réalisé selon une méthodologie nationale, l’Inventaire est une recherche de terrain qui arpente, observe, analyse et décrit les objets in situ en s’appuyant notamment sur des sources d’archives. En alliant recherche et photographie, l’Inventaire contribue à identifier les patrimoines d’un territoire à une échelle inédite, parcelle à parcelle, rue par rue. Lorsqu’une situation d’urgence l’exige ou lorsqu’un site fait l’objet d’une opération de reconversion, l’Inventaire peut conduire une étude ponctuelle approfondie pour garder la mémoire de ce qui va disparaître.   

Arpenter le territoire pour révéler le patrimoine francilien  

Si les premiers services régionaux d’Inventaire naissent dès le milieu des années 1960 en Bretagne et en Alsace, c’est seulement en 1982 qu’une équipe de professionnels du patrimoine est constituée en Île-de-France. Cette compétence, initialement assurée par le ministère de la Culture, est transférée aux Régions en 2004 et est dès lors appelée « Inventaire général du patrimoine culturel ». Cette mission est aujourd’hui assurée par le service Patrimoines et Inventaire de la Région Île-de-France, qui compte une quinzaine d’agents aux métiers divers : chercheurs/conservateurs du patrimoine, photographes, administrateur de base de données, responsable de la valorisation du patrimoine et agents administratifs.   

Depuis 2017, la Région Île-de-France entend mettre en exergue, à travers l’étude scientifique du patrimoine, les spécificités d’un territoire dense et complexe. L’enjeu est de taille : faire émerger les liens historiques entre la capitale, la proche banlieue et la grande couronne, montrer que ces territoires ont toujours été interdépendants et que leurs patrimoines respectifs ne sont compréhensibles qu’en révélant leurs liens et leurs interactions. C’est pourquoi la Région a souhaité structurer la recherche d’Inventaire autour de grandes thématiques transversales en Île-de-France : le patrimoine sportif, le patrimoine de l’éducation, les lieux de spectacle, le patrimoine des réseaux (gares, aéroport…), le patrimoine industriel ou encore l’architecture de la villégiature.   

Une connaissance à la disposition de tous

Menées par un binôme composé d’un chercheur et d’un photographe, les études de l’Inventaire sont diffusées en ligne sur la base de données Gertrude et sur la photothèque du patrimoine. Elles sont aussi valorisées par le biais de publications papiers à travers 2 collections : 

• « Patrimoines d’Île-de-France », la collection de beaux-livres scientifiques publiés par la Région,
• « Réinventaire », une collection qui revisite le fonds photographique de l’Inventaire.   

Chiffres-clés 

En Île-de-France, une chaîne patrimoniale unique : connaître, identifier, conserver et valoriser  

De l’étude à la valorisation et à la conservation, la Région exerce désormais sa compétence sur toute la chaîne patrimoniale. Depuis 2017, elle a élaboré une ambitieuse politique patrimoniale en créant 9 nouveaux dispositifs de subvention au patrimoine, directement gérés au sein du service Patrimoines et Inventaire.

S’appuyant sur l’expertise des chercheurs de l’Inventaire, elle a aussi lancé en 2017 le premier label patrimonial régional : le label « Patrimoine d’intérêt régional ». Décerné aux bâtiments ou ensembles non protégés au titre des monuments historiques présentant un intérêt patrimonial avéré et représentatif pour la région, ce label compte aujourd’hui plus de 230 sites, reflétant la diversité des patrimoines franciliens : patrimoine rural, cité-jardin, patrimoine industriel, villégiature, maisons d’artiste…  

L’Inventaire constitue aujourd’hui en Île-de-France le premier maillon de la chaîne patrimoniale qui est prise en charge par la Région dans sa totalité : la connaissance scientifique nourrit désormais la mise en œuvre des politiques publiques contribuant au développement culturel des territoires.   

Une connaissance au service du développement des territoires 

La connaissance scientifique nourrit désormais la mise en œuvre des politiques publiques contribuant au développement culturel des territoires. Les données réunies dans le cadre de ces études sont mises à disposition de tous les acteurs du territoire, notamment des élus lors de l’élaboration des documents d’urbanisme (PLU, SPR…) mais aussi des acteurs du tourisme (comité régional du tourisme, offices du tourismes) ou encore des parcs naturels régionaux.  

Depuis 60 ans, l’Inventaire a contribué à l’identification, à la connaissance et à la diffusion du patrimoine culturel en prenant en compte un nombre d’objets toujours plus important et divers, à mesure que s’est élargie la notion de patrimoine. Les métiers, les techniques et le patrimoine lui-même ont évolué mais l’aventure de l’aventure de l’esprit continue.