x

Avant les Jeux olympiques et paralympiques. En savoir plus

Combat Rencontre avec Bernadette Rwegera, qui vient en aide aux femmes séropositives originaires d'Afrique subsaharienne, au sein d'Ikambere, une maison accueillante située à Saint-Denis. Solidarité, prévention et autonomie sont au cœur de son combat contre le sida.

Découvrez l'engagement de Bernadette Rwegera, directrice d'Ikambere, un lieu d'accueil, d'écoute, d'accompagnement et de prévention pour les femmes séropositives à Saint-Denis (93). Elle est aussi secrétaire générale d’Île-de-France Prévention Santé Sida (ex-Crips).

Son engagement pour lutter contre le sida a notamment été récompensé par la Médaille de l’Ordre national du Mérite et le Prix solidarité EllesdeFrance 2019, organisé par la Région Île-de-France. 

Association Ikambere

Ikambere signifie la « Maison accueillante » en kinyarwanda (langue du Rwanda). C’est une structure située à Saint-Denis dédiée à la prise en charge des femmes en situation de précarité vivant avec le VIH.
Contact 
Association Ikambere
39, boulevard Anatole-France
93200 Saint-Denis
Tél. : 01 48 20 82 60
www.ikambere.com

Ikambere : un lieu rassurant pour les femmes vivant avec le VIH

Quelle est l'origine de votre engagement pour les femmes atteintes du sida?

Bernadette Rwegera : J’ai fondé en 1997 l’association Ikambere à la suite de mon mémoire en anthropologie à l’École des hautes études en sciences sociales, intitulé « Les femmes et les enfants immigrés vivant en Île-de-France face au VIH ». Au cours de mes recherches, j’ai rencontré des femmes isolées, avec des angoisses de mort, vivant dans la précarité et en grande souffrance. Aucune structure dédiée à leur prise en charge spécifique n’existait à l’époque. Ébranlée par ces rencontres, j'ai créé Ikambere pour permettre à ces femmes de rompre l’isolement et d’être accompagnées dans leur projet de vie.

Quel est le rôle d'Ikambere aujourd'hui? 

B.R : 23 ans plus tard, Ikambere agit toujours en faveur de l’autonomie des femmes vivant avec le VIH et mène également des actions de prévention et de dépistage. Chaque année, près de 500 femmes bénéficient d’un prise en charge globale grâce à une équipe pluridisciplinaire : assistantes sociales, médiatrices de santé, diététicienne, coach sportif, socio-esthéticienne, etc. 

Femmes et sida : « Le regard doit changer ».

Qu'est-ce qui a changé, depuis les années 2000, pour les femmes vivant avec le VIH ? 

B.R : Le changement majeur réside dans la prise en charge médicale et thérapeutique des personnes vivant avec le VIH. Il y a 23 ans, sans espoir de traitement, ce diagnostic était perçu comme un arrêt de mort, tant pour les patients que pour les professionnels qui les entourent. Le VIH a bénéficié de très grandes avancées thérapeutiques ces 20 dernières années. Aujourd’hui, une personne séropositive ayant accès aux traitements a une espérance de vie comparable au reste de la population. 

Quelle est la plus grande difficulté à laquelle ces femmes font face ?

B.R : La perception sociale de cette maladie n’a pas connu les mêmes avancées. Les personnes vivant avec le VIH subissent encore de nombreuses discriminations. Dire ou ne pas dire reste un dilemme pour de nombreuses femmes accompagnées. Nombre d'entre elles sont encore aujourd’hui rejetées par leur conjoint, leurs amis ou encore leurs enfants suite à cette annonce. Le regard doit changer et la Journée mondiale de lutte contre le sida doit contribuer à communiquer sur ces thématiques essentielles pour favoriser l’insertion sociale et professionnelle des personnes vivant avec le VIH. 

Prévention en santé sexuelle : des outils existent pour les femmes

Quels sont aujourd’hui les outils de prévention en santé sexuelle qui font leur preuve auprès des femmes africaines migrantes ? 

B.R : Pour que des outils de prévention fonctionnent, il faut les adapter aux publics auxquels nous souhaitons nous adresser. Parler de santé sexuelle n’est pas toujours simple. C’est un sujet encore tabou. Animer des groupes de parole dans un lieu sécurisé, entre pairs, par des professionnels formés, disposant d’outils adaptés, est une solution qui a fait ses preuves. Établir un lien de confiance avec les bénéficiaires est aussi un gage de réussite dans le domaine de la prévention en matière de santé sexuelle. 

Parlez-nous de l’outil « Réponses pour elles », conçu avec Île-de-France Prévention Santé Sida...

B.R : Il s’agit d’un outil qui contribue à accroître l’autonomie et le pouvoir d’agir des femmes originaires d’Afrique subsaharienne. Il a la forme de cartes postales présentant différentes saynètes dialoguées de la vie quotidienne. Ces cartes sont attractives et esthétiques. Elles visent à renforcer les comportements favorables à la santé sexuelle, les connaissances en matière de droits et la capacité d’agir grâce à l’identification de lieux ressources. Les cartes peuvent êtres lues par les femmes mais elles sont avant tout conçues comme un outil de prévention, un support d’échange entre pairs. Nous souhaitons animer des groupes de parole dans différents lieux et former des acteurs de terrain souhaitant utiliser l’outil à leur tour. 

« Réponses pour elles » : 8 cartes postales pour parler santé sexuelle

Téléchargez l'outil de prévention en santé sexuelle dédié aux femmes d’Afrique subsaharienne.

Que faudrait-il changer, selon vous, pour que ces femmes séropositives aient une vie affective épanouie et restent en bonne santé?

B.R : Nous devons promouvoir la prévention dans tous les lieux où se retrouvent les femmes pour leur permettre de changer les représentations, abolir certaines idées reçues sur la sexualité, la santé, les relations femmes-hommes. Nous devons développer des actions ciblées avec des outils adaptés. C’est toute l’ambition du projet « Réponses pour elles ». En offrant aux acteurs de terrain une formation et un outil ludique, nous espérons accroître l’autonomie, les capacités et le pouvoir d’agir des femmes séropositives et ainsi contribuer à améliorer leur santé sexuelle et affective. 

Partager la page