Berceau de la monarchie, l'Île de France accueille sur son territoire nombre d'anciennes résidences royales, symboles architecturaux du pouvoir. Roselyne Bussière, conservatrice en chef du patrimoine, présente le lien entre résidences royales et pouvoir monarchique dans l’ouvrage « L’Île-de-France, un autre patrimoine ».
L’ouvrage "L'Île-de-France, un autre patrimoine" s'appuie sur 40 années de recherche à l'inventaire général, et invite à découvrir ou redécouvrir les mille et une facettes du patrimoine francilien : ses églises gothiques et ses châteaux Grand Siècle, mais aussi ses aérogares, ses stades, ses cités-jardins et ses villes nouvelles, en passant par ses paysages de bord de Seine ou ses villages de caractère, qui ont inspiré les grands peintres du XIXe siècle. Découvrez tous les mois un extrait de chaque thématique abordée dans l’ouvrage.
Les pierres du pouvoir, le pouvoir des pierres
«Tout est dans le grand, tout porte ce caractère de magnificence qui était le caractère particulier de Louis XIV… » écrit le président de Brosse en 1745 à propos de Versailles. Mais n’est-ce-pas le propre de toutes les résidences royales, expressions du pouvoir et de la personnalité des rois à qui l’Île-de-France, berceau de la monarchie, doit sa renommée ?
Symboles : en 508, Clovis, à peine baptisé, choisit l’ancien palais impérial de l’île de la Cité comme résidence. Vêtu de la pourpre et doté du titre de consul, il veut ainsi marquer son inscription dans la romanité. Dans ce même palais Louis VI (1108-1137) fait ériger une tour ronde, alors le plus haut édifice de Paris, dépassé en 1248 par la Sainte-Chapelle du roi Louis IX. Sous les Capétiens, Paris n’est pas l’unique lieu de résidence des monarques, mais un lieu privilégié où le souverain revient toujours et aménage beaucoup. La forteresse du Louvre, construite par Philippe-Auguste en 1204, est transformée en résidence royale par Charles V en 1372. Son escalier d’apparat la « grande vis du Louvre » desservait les salles d’audience dans « les haulx estages ». Construit trois siècles plus tard à Versailles, l’escalier des Ambassadeurs fait écho à ce modèle.
Spectacles : déjà en 1390 les visiteurs de Charles VI doivent se plier à l’approche cérémoniale qui commence à la porte du château où ils doivent mettre pied à terre avant d’entrer dans la cour et de gravir les degrés « moult doucement » vers le souverain. Les rois sont fiers de leurs œuvres, tel Charles V qui, recevant l’empereur en 1378, « li monstra et fist monstrer, au dehors et dedenz, le nouvel édifice qu’il y avoit fait », comme Louis XIV auteur de six versions successives des Manières de montrer les jardins de Versailles.
Récréations : tous les rois éprouvent le besoin de se retirer en un lieu plus intime ; c’est le manoir de Beauté de Charles V à Nogent, le Château Neuf d’Henri II à Saint-Germain, le Trianon et le Marly de Louis XIV, ou le Hameau de Marie-Antoinette. De plus, ils s’adonnent à la chasse avec passion et ce goût explique souvent la localisation des châteaux : le plus emblématique est le pavillon de chasse de Louis XIII à Versailles, mais déjà Robert-le Pieux (996-1031) chassait dans la forêt de Saint-Germain, Philippe-Auguste (1180-1223) dans le bois de Vincennes et François Ier à Fontainebleau. Plus tard viendront les chasses présidentielles à Rambouillet. (...)
Dossier de presse : Île-de-France : Un autre patrimoine - Unfamiliar Heritage
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