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Étude Gaétan Richard, conservateur-stagiaire à l’Institut national du patrimoine, mène un inventaire topographique de Saint-Cloud en collaboration avec le service Patrimoine et Archives du pôle Culture de la ville de Saint-Cloud. Il revient sur son parcours et les aspects essentiels de son sujet d’étude durant son stage à la Région, encadré par Julie Faure, conservatrice en chef du patrimoine, référente pour les Hauts-de-Seine.

Pourriez-vous présenter votre parcours ?

Gaétan Richard : Devenir conservateur du patrimoine n’a pas toujours été une évidence pour moi. Après un baccalauréat littéraire, j’ai choisi de commencer mes études en classe préparatoire pour y préparer le concours de l’Ecole nationale des chartes, que j’ai intégrée après deux ans. Mes 4 années à l’École des chartes furent très riches : l’étude de disciplines variées (paléographie, histoire des institutions, histoire du droit, histoire de l’art, entre autres) m’a permis de me former à la critique des sources historiques, tandis que plusieurs stages m’ont aidé à définir mon projet professionnel. J’ai surtout pu y soutenir une thèse d’établissement portant sur un corpus de sculptures gothiques. C’est lors de mes stages que j’ai découvert le métier de conservateur du patrimoine. À la différence de mes camarades qui se destinaient à la conservation des archives ou des bibliothèques, j’ai choisi assez tôt d’orienter mon cursus vers l’histoire de l’art afin de passer le concours de conservateur dans la spécialité Monuments historiques et Inventaire. Un master de préparation au concours m’a permis d’y être admis. Désormais, je suis la formation de 18 mois de l’Institut national du patrimoine (INP), alternant les périodes de cours et de stage.  

Dans quel contexte s’effectue cette étude et quels en sont les objectifs ?

G.R. : Dans le cadre de ma formation de conservateur, j’effectue plusieurs stages. Le plus important est le stage de spécialité. D’une durée de 4 mois, c’est lui qui me permet d’apprendre réellement mon futur métier, celui de chercheur de l’inventaire. L’objectif principal est de faire mienne la méthodologie de l’inventaire afin qu’au terme de ma formation je sois en mesure de conduire une opération d’inventaire de façon autonome. Au sein du service Patrimoines et Inventaire de la Région Île-de-France, et en collaboration avec la ville de Saint-Cloud, je conduis en ce moment une reprise de l’inventaire de cette commune. Cette mission est très formatrice pour moi puisqu’elle me permet d’appréhender une opération dans sa globalité en passant par chacune de ses étapes.

L'objectif est aussi de mettre à profit ce stage pour me familiariser avec les autres missions des conservateurs de l’inventaire : expertise patrimoniale, participation aux instances de protection du patrimoine, soutien et valorisation du patrimoine présent sur le territoire de la région grâce au label « Patrimoine d’intérêt régional », entretien d’un réseau de partenaires et d’acteurs dans le domaine du patrimoine, etc.

Qu’est-ce qu’une étude topographique à l’Inventaire ? 

G.R. : Une étude topographique de l’inventaire est une opération d’étude systématique du patrimoine à l’échelle d’une aire d’étude définie. L’objectif est de recenser et d’étudier le patrimoine architectural et mobilier de ce territoire afin de le faire connaître et de le mettre en valeur.  L’inventaire topographique repose sur la recherche in situ. Après avoir arpenté le territoire, le chercheur peut confronter ses observations de terrain aux sources archivistiques et ainsi en tirer des analyses sur l’histoire du territoire, son développement, ses particularités. Les résultats de ces recherches enrichissent des bases de données régionales et nationales. En parallèle, une couverture photographique du territoire permet de renseigner par l’image et de documenter l’étude. Toutes ces données peuvent ensuite servir de base à des opérations de valorisation, telles qu’elles sont produites par le service : publication dans les collections régionales, expositions, conférences.  

Pour mener à bien l’étude du patrimoine de Saint-Cloud dans un délai restreint, il m’a fallu commencer par faire un repérage exhaustif de la ville, afin de la comprendre et d’établir une première liste d’édifices intéressants du point de vue patrimonial, que j’ai pu confronter au pré-inventaire réalisé en 1995. Le concours sans faille des équipes de la ville, et en particulier le service Patrimoine et Archives, m'a permis d’avoir accès à une documentation précieuse et surtout aux sources historiques. En croisant les données issues de mon repérage, du pré-inventaire de 1995 et des archives, j’ai pu effectuer une sélection des dossiers les plus importants à étudier. J’ai veillé à ce que cette sélection soit représentative du patrimoine bâti de la ville et de son identité, mais qu’elle intègre également des édifices plus originaux ou remarquables. L’étude s’enrichit aussi de dossiers d’analyse du bâti à l’échelle de la ville. Concomitamment à la constitution de ces dossiers d’étude, nous organisons avec la ville et les photographes du service Patrimoines et Inventaire une campagne de prises de vues pour documenter non seulement les édifices étudiés, mais aussi la ville en général et ce qui fait sa spécificité.

Villa, avenue de Longchamp, Saint-Cloud (92) - Crédit photo : © Laurent Kruszyk, Région Île-de-France
Villa, place Santos-Dumont, Saint-Cloud (92) - Crédit photo : © Laurent Kruszyk, Région Île-de-France
Villa ”Mansion Clodoald”, avenue Clodoald, Saint-Cloud (92) - Crédit photo : © Laurent Kruszyk, Région Île-de-France
Gare des Coteaux, Saint-Cloud (92) - Crédit photo : © Laurent Kruszyk, Région Île-de-France
Eglise Saint-Clodoald, Saint-Cloud (92) - Crédit photo : © Laurent Kruszyk, Région Île-de-France
Eglise Stella Matutina, Saint-Cloud (92), labellisée « Patrimoine d’intérêt régional » - Crédit photo : © Laurent Kruszyk, Région Île-de-France

Par quelle typologie de patrimoine est marquée la ville de Saint-Cloud ?

G.R. : La ville occupe une place particulière dans les environs de Paris et ce à plusieurs titres. L’histoire de Saint-Cloud a, en effet, croisé régulièrement l’histoire nationale : l’installation de résidences de personnages importants, de la cour ou des souverains a exercé une influence sur l’évolution du territoire. Par ailleurs, la ville se caractérise par sa topographie : véritable balcon sur la Seine et le bois de Boulogne, elle offre des points de vue privilégiés sur la capitale, ce qui explique l’attractivité des coteaux de Saint-Cloud et l’implantation et l’orientation du bâti. Enfin, son développement est intimement lié à sa relation avec Paris : Saint-Cloud constitue un lieu de détente et de loisir où les Parisiens viennent chercher le grand air, tout en restant très accessible depuis la capitale, notamment grâce à son réseau ferroviaire, ce qui leur permet d’y venir le temps d’un week-end.  

Cette situation particulière a favorisé la construction de villas, qui marquent encore le territoire de la ville et participent de son identité. D’ampleur variée, une partie d’entre elles reprend les codes de l’architecture des grandes demeures anglo-normandes, tandis que les autres, construites en meulière, s’inscrivent plus dans l’architecture francilienne.  Il faut, par ailleurs, noter qu’il ne subsiste que très peu de témoignages du Saint-Cloud d’avant 1871, la ville ayant été incendiée lors de la guerre franco-prussienne. Cette destruction quasi-intégrale de l’ancien bourg a profondément changé le visage de la commune et permis le développement de cette architecture de villégiature. Enfin, il est intéressant d’observer qu’une partie importante de la ville est constituée d’habitations principales, de dimensions relativement réduites, mais qui reprennent les codes architecturaux des villas, et en particulier leurs décors extérieurs.  

Quelles sont les prochaines étapes dans votre parcours de formation à l’Institut national du patrimoine  (INP) ?  

G.R. : À partir du mois de janvier, mon parcours me conduira de nouveau à l’INP pour reprendre le cours de ma formation (management, déontologie, conservation-restauration, droit, enseignements de spécialité, par exemple). Dès le mois de février je prendrai la direction de l’Ethiopie pour y effectuer un stage au Centre Français des Études Éthiopiennes (CFEE) et y observer d’autres méthodes et pratiques de la recherche sur un territoire donné. Ma formation sera également ponctuée de journées d’études, de séminaires et de colloques. Un stage « hors-spécialité », dont le lieu n’est pas encore défini, m’amènera à découvrir d’autres horizons culturels dans une administration, un établissement culturel ou même une entreprise privée. Ce cycle de formation prendra fin en juin par la remise du diplôme de conservateur du patrimoine et je n'aurai alors qu’une hâte : mettre en pratique professionnellement ce que j’ai appris durant ce stage passionnant. 

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