QUANTIQUE Viva Technology, le salon majeur de l’innovation en Europe, s’est tenu à Paris du 22 au 25 mai derniers. Alors que plus de 10 000 start-up et entreprises innovantes étaient au rendez-vous, la Région Île-de-France a mis en lumière 10 entreprises franciliennes prometteuses sur son stand. Parmi elles, Alice & Bob et son ordinateur quantique.
Alice & Bob est une jeune pousse francilienne fondée en 2020 et dédiée au développement d’un ordinateur quantique universel. Bien que fragile, la technologie quantique est de plus en plus sérieusement envisagée par les acteurs économiques en raison de son potentiel révolutionnaire dans de très nombreux domaines.
Niccolo Coppola, responsable marketing chez Alice & Bob, nous explique l’infiniment petit et nous parle de la présence de son entreprise sur le stand de la Région à Viva Technology.
Quel est le projet d’Alice & Bob ?
Niccolo Coppola : Nous créons un ordinateur différent des ordinateurs classiques que nous utilisons quotidiennement, comme les téléphones, les ordinateurs ou les tablettes. Un ordinateur quantique est capable de résoudre beaucoup plus rapidement des problèmes qui prendraient des milliers, voire des milliards d’années à un ordinateur classique. Pour ce faire, il utilise une logique différente : il examine toutes les solutions possibles à un problème et sélectionne la meilleure.
Pouvez-vous expliquer le fonctionnement d’un ordinateur quantique ?
N. C : Pour comprendre, il faut comparer un ordinateur quantique avec un ordinateur classique. Les ordinateurs classiques utilisent des bits : ce sont des unités qui contiennent l’information et peuvent représenter soit 0, soit 1. Les ordinateurs quantiques utilisent, eux, des qubits (de l’anglais quantum bit – bits quantiques en français), qui peuvent être 0, 1, ou une superposition des deux états, c’est-à-dire 0 et 1 simultanément. Ce principe de superposition, qui vient de la mécanique quantique, permet à un qubit d’adopter plusieurs états en même temps. Cette propriété permet à l’ordinateur quantique de traiter une grande quantité d’informations simultanément, offrant ainsi une capacité de calcul exceptionnelle !
Pouvez-vous expliquer la particularité des « qubits de chat » que vous utilisez ?
N. C : Les cofondateurs de Alice & Bob, Théau Peronnin et Raphaël Lescanne, se sont appuyés sur l’expérience de pensée d’Erwin Schrödinger, connue sous le nom du « chat de Schrödinger ». Il imagine son chat placé dans une boîte fermée dans laquelle se trouve un mécanisme quantique capable de le tuer. Il y a donc une chance sur deux pour que le chat soit mort une fois que la boîte est ouverte. Mais tant que la boîte est fermée, il est impossible de dire si le chat est en vie : il est dans une superposition d’états, à la fois mort et vivant. Nous avons créé des qubits en nous basant sur ce principe de superposition, mais avec la particularité qu’ils sont naturellement conçus pour corriger leurs propres erreurs.
Ce que montre aussi le « chat de Schrödinger », c’est la difficulté de concilier physique classique et quantique. Toute la complexité est là : nous construisons une machine complètement isolée du monde extérieur, le monde classique, et paradoxalement, nos chercheurs doivent pouvoir la contrôler.
Concrètement, quel rôle ces ordinateurs quantiques peuvent-ils jouer dans nos sociétés ?
N. C : En finance, logistique, recherche fondamentale, médecine, technologie et, un jour, dans le domaine de l’intelligence artificielle… Ils joueront un rôle crucial. Cette nouvelle capacité de calcul ouvre la voie à une compréhension inédite du monde, avec des perspectives prometteuses pour résoudre une multitude d’enjeux sociétaux.
Face aux enjeux énergétiques, en quoi cette technologie pourrait être une solution ?
N. C : Par exemple, la machine quantique pourrait accélérer la découverte de nouveaux matériaux pour des batteries plus performantes. Quand on parle de physique quantique, il vaut mieux parler au conditionnel. Mais il est indéniable que les ordinateurs quantiques, par leur conception même, sont moins énergivores que les supercalculateurs qu’ils sont appelés à transcender – si utilisés sur les mêmes problèmes.
Quelle aide vous apporte la Région ?
N. C : La Région nous apporte une aide très précieuse : elle nous permet de nous développer et de nous mettre en relation avec des investisseurs et de potentiels clients. On a bénéficié de plusieurs financements, notamment dans le cadre du Pack Quantique qui vise à déployer les technologies quantiques et leur appropriation par les acteurs économiques.
Comment s’est déroulé Vivatech et qu’en attendiez-vous ?
N. C : C’est notre troisième année au salon et il était indispensable que nous y soyons : nous sommes un acteur de pointe de la technologie quantique en France. Les retombées en termes de notoriété comme de partenariats plus concrets sont toujours importantes. Les répercussions sont perceptibles sur le long terme. Le rythme, ici, est très intense : j’ai eu l’occasion de présenter notre projet à une dizaine d’interlocuteurs par heure !
Partager la page