agriculture La Ferme des Gogottes, à Samois (77), est une jeune exploitation maraîchère qui propose des produits biologiques de qualité et des moments de partage. Le fondateur de la ferme, Julien Favry, ambitionne d’en faire un modèle innovant de production agricole en milieu urbain. Rencontre avec l'agriculteur autodidacte.
Située à seulement 35 minutes de Paris, à Samois (77), la Ferme des Gogottes propose des produits biologiques de qualité et des moments de partage. Inspiré par les maraîchers parisiens du XIXe siècle, qui cultivaient au cœur de Paris et livraient leurs légumes aux Halles, le fondateur de la ferme, Julien Favry, ambitionne d’en faire un modèle innovant de production agricole en milieu urbain.
À l’occasion du Salon international de l’Agriculture 2025, du 22 février au 2 mars, rencontre avec cet agriculteur autodidacte francilien qui a bénéficié de l'aide régionale à l'installation des jeunes agriculteurs.
Rencontre avec Julien Favry, fondateur de la Ferme des Gogottes (77)
Pourquoi avoir choisi le maraîchage agroécologique ?
Julien Favry : Avant de devenir maraîcher et entrepreneur, je travaillais dans le secteur de l’informatique. Mais après les confinements successifs et le Covid, j’ai ressenti le besoin de changer de voie pour un métier plus concret et en accord avec mes valeurs. J’ai démissionné et suivi une formation en maraîchage bio-intensif, une approche qui maximise la production en optimisant temps et espace. Mon intérêt pour l’agroécologie s’est renforcé au fil du temps et les circonstances ont fait le reste. J’ai rencontré Stéphane Delaportas, qui cherchait à exploiter l’espace entre les arbres de son verger. Nous avons conclu un bail agricole pour développer ce projet ensemble sur 3 hectares.
Comment se sont passés vos débuts et quelles sont vos perspectives ?
J.F. : La mise en route de la ferme est vraiment toute récente. En juin 2023, j’ai reçu les clés de la parcelle et me suis lancé dans les grands travaux : installation d’un puits, terrassement, mise en place des serres et du réseau d’irrigation… Tout le nécessaire pour transformer le terrain en une véritable ferme fonctionnelle. Aujourd’hui, j’ai deux grandes serres de 1 000 m² au total, dédiées aux primeurs et cultures d’été. J’ai commencé les ventes en avril 2024. La 1re année, j’ai cultivé 35 % des 8 000 m² disponibles et fourni environ 40 familles par semaine. Mon objectif est d’agrandir progressivement la ferme sur 5 ans : cette année, je double presque la surface cultivée.
Qui vient se fournir à la ferme ?
J.F. : Je suis en direct avec les consommateurs, en circuit court. Je vends aux particuliers, aux épiceries et aux restaurants, avec l’objectif de prioriser le circuit ultracourt. La ferme étant bien située, dans une zone assez urbanisée, je me concentre d’abord sur les habitants de Fontainebleau, même si certains viennent de Paris pour récupérer leurs produits. Les clients peuvent commander des paniers sur mon site ou s’abonner pour 3 mois. Mon objectif est d’évoluer vers un modèle AMAP (NDLR : littéralement, association pour le maintien de l’agriculture paysanne, forme de partenariat entre un groupe de consommateurs et une ferme) avec un engagement à l’année. J’ai aussi mis à profit mes compétences en informatique pour donner de la visibilité à la ferme : site web, réseaux sociaux, newsletter…
La ferme est un peu devenue une place de village, un endroit où les gens se retrouvent, échangent et apprennent, tout en mettant les mains dans la terre.
Julien Favry Maraîcher francilien
Comment décririez-vous l’ambiance de la ferme ?
J.F. : La ferme, c’est un lieu de production et de vente, mais aussi – et surtout – un lieu d’échange ! Il y a beaucoup de passage : des bénévoles, des stagiaires, des néopaysans en formation… Certains m’ont trouvé via le WWOOFing (NDLR : un réseau de fermes pour les curieux qui souhaitent expérimenter et apprendre de la paysannerie), d’autres sont des voisins ou des retraités qui viennent donner un coup de main. Il y a toujours quelqu’un pour un chantier participatif, des semis, des récoltes ou juste entretenir les cultures. La ferme est un peu devenue une place de village, un endroit où les gens se retrouvent, échangent et apprennent, tout en mettant les mains dans la terre. C’est cette dimension humaine qui me plaît énormément dans ce métier.
Quels défis avez-vous rencontrés et comment la Région Île-de-France vous a-t-elle soutenu ?
J.F. : Les démarches administratives ont été un vrai parcours du combattant : construire le dossier de financement, obtenir les permis de construire… Ça a été 2 ans de travail acharné. En général, la réalisation d’un tel projet prend entre 3 et 5 ans, ce qui peut être décourageant pour ceux qui souhaitent se lancer. Heureusement, des aides comme l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs en Île-de-France m’ont permis de financer la moitié de mon projet et de lancer l’activité plus rapidement.
L’Île-de-France présente au Salon de l’agriculture
Comme chaque année, la Région participe au Salon de l’agriculture, qui se déroule du 22 février au 2 mars 2025. Près de 70 producteurs franciliens présentent leurs produits sur le pavillon régional et proposent dégustations et animations pour faire découvrir leur savoir-faire et leurs métiers.
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