À 35 ans, l’aîné de l’équipe de France d’escrime s’apprête à vivre ses 4es Jeux olympiques. Actuellement en pleine préparation pour les Jeux de Paris 2024, l’épéiste tricolore nous parle de sa discipline, de son vécu olympique et de son rôle d’Ambassadeur du sport pour la Région. Rencontre.
À quelques dizaines de jours des Jeux de Paris 2024, Yannick Borel aborde l’événement avec sérénité. Après avoir déjà participé aux Jeux de Londres (2012), de Rio de Janeiro (2016) et de Tokyo (2021), l’escrimeur de Levallois-Perret (92) se prépare à ceux de 2024 avec le bénéfice d’une expérience rare dans le sport de haut niveau.
En tant qu'Ambassadeur du sport pour la Région Île-de-France depuis plus de 10 ans, il joue également un rôle important auprès de la jeunesse francilienne. Son sport, son quotidien d’athlète de haut niveau, les Jeux 2024 qui approchent et son rôle auprès des jeunes Franciliens, rencontre avec Yannick Borel.
Pour commencer, quel est votre parcours et pourquoi l’escrime ?
Yannick Borel : J’ai découvert l’escrime en Guadeloupe, dont je suis originaire, à l’occasion d’une séance d’initiation à l’école, et tout de suite cela m’a beaucoup plu. Et comme le club de ma ville était juste à côté de mon école, je suis allé directement m’inscrire. Auparavant, j’avais déjà essayé le karaté et la natation. Je suis tout de suite tombé amoureux de cette discipline car il y avait vraiment une ambiance conviviale et familiale dans ce club. De fil en aiguille je suis devenu champion régional, puis national et enfin international. J’ai donc quitté la Guadeloupe à 18 ans pour intégrer le pôle France épée à Reims, puis L’Insep en septembre 2008. Aujourd’hui je m’entraîne dans les Hauts-de-Seine dans mon club de Levallois-Perret.
Dans l’escrime, il y a 3 armes : l’épée, le fleuret et le sabre. Comment choisit-on parmi ces 3 options ?
Y. B. : J'ai commencé par le fleuret. C’est l’arme la plus légère et sur laquelle on travaille le plus la technique. Ensuite, on choisit de continuer le fleuret ou de basculer sur l’épée ou le sabre. C’est une question de sensibilité. Je trouvais qu’au fleuret l’influence de l’arbitre était trop importante et j’avais les qualités pour être bon à l’épée, notamment parce que j’étais grand. Même si bien sûr cela ne fait pas tout.
L’escrime c’est comme les échecs mais sur une piste. On utilise beaucoup sa tête car il faut essayer de piéger son adversaire. C’est aussi un sport dans lequel on se dépense énormément physiquement
Quel est votre palmarès ?
Y. B. : Je suis 6 fois champion d’Europe, dont 4 fois en individuel. Et quintuple champion du monde dont une fois en individuel. Je suis aussi champion olympique par équipe et 4 fois champion de France.
Si vous deviez parler de votre sport aux jeunes et leur donner envie de se lancer dans l’escrime, que leur diriez-vous ?
Y. B. : L’escrime c’est comme les échecs mais sur une piste. On utilise beaucoup sa tête car il faut essayer de piéger son adversaire. C’est aussi un sport dans lequel on se dépense énormément physiquement. Ce qui en fait une belle combinaison du cognitif et du physique. Dans l’escrime on a des valeurs qui nous suivent toute notre vie comme le respect de l’autre et le respect des règles. Mes enfants viennent de commencer l’escrime et cela me fait penser à moi lorsque j’ai débuté. C’est une discipline dans laquelle il y a beaucoup de plaisir et d’amusement. C’est comme quand on regarde les films de cape et d’épée à la télévision, mais là on peut vraiment le faire.
Les Jeux de Paris 2024 arrivent à grands pas, comment vous préparez-vous ?
Y. B. : Je m’entraîne 2 à 3 fois par jour. 100 % de mon temps et dédié à l’entraînement et à la récupération. Il ne reste plus beaucoup de temps car mon épreuve c’est le 28 juillet. L’objectif est vraiment de mettre toutes les chances de mon côté au niveau de la préparation pour pouvoir me dire le jour J que j’aurais tout fait pour le mieux .
Les épreuves d’escrime auront lieu au Grand Palais. C’est un lieu vraiment très prestigieux qui avait déjà accueilli les Championnats du monde en 2010. À l’époque, j’étais déjà là, mais j’étais dans les gradins. Cette fois je serai sur la piste !
Quel est votre objectif lors de ces Jeux ?
Y. B. : C’est la médaille d’or. Ce sont mes 4es Jeux olympiques et j’ai été 2 fois en quarts de finale. Toute cette expérience va me servir pour trouver le chemin vers la médaille d’or. Ce n’est pas être prétentieux mais c’est mon ambition, et je crois que j’ai la capacité d’y arriver.
Avez-vous un souvenir ou une image particulièrement marquante à nous raconter sur les Jeux olympiques ?
Y. B. : Le moment dont je me rappellerai toujours c’est à Londres en 2012, la 1re fois que je vois s’allumer la Flamme olympique lors de la cérémonie d’ouverture. À ce moment-là je me suis dis « ça y est tu es aux Jeux, tu es un sportif olympique Yannick ». Cela m’a vraiment rempli de fierté. J’avais 23 ans, j’étais très jeune. Ce moment-là m’a fait réaliser ma progression et jusqu’où j’étais arrivé depuis ma petite île de Guadeloupe. Cet été ce sera donc ma 4e flamme olympique.
Le fait que ces Jeux aient lieu « à la maison » change-t-il quelque chose par rapport à vos 3 participations précédentes ?
Y. B. : Oui bien sûr. On sent l’engouement. Les gens en parlent et beaucoup nous soutiennent. Je pense qu’il y aura une ambiance de dingue. Il y a 15 jours, lors d'un challenge à Saint-Maur-des-Fossés on a eu une salle remplie. Ceux qui l’ont regardé à la télé ont pu constater que l’ambiance était au rendez-vous. Les épreuves d’escrime auront lieu au Grand Palais. C’est un lieu vraiment très prestigieux qui avait déjà accueilli les Championnats du monde en 2010. À l’époque, j’étais déjà là, mais j’étais dans les gradins. Cette fois je serai sur la piste et pleinement acteur. Jouer à la maison ce sera magique !
En quoi consiste votre rôle d’Ambassadeur du sport de la Région ?
Y. B. : Je suis Ambassadeur du sport depuis 2012. À ce titre j’interviens dans des écoles où je partage mon expérience et mon vécu avec les jeunes. Nous avons presque un rôle d’éducateur et de modèle. Nous sommes là pour leur faire comprendre que quel que soit l’endroit d’où ils viennent, quelles que soient leurs difficultés, ils peuvent devenir de grands champions. Même si au final il y a peu d’élus, tout ceux qui y arrivent sont ceux qui se sont donné les moyens et qui ont cru en eux. La réussite n’est pas réservée à une poignée de personnes, elle n’est pas inaccessible. Alors donnez-vous les moyens, croyez en vos chances, entourez-vous bien et ça peut le faire. Il faut juste y croire et travailler dur. Car le travail est incontournable pour réussir, cela ne suffit pas d’avoir de la chance.
Si l’équipe de France d’escrime sera sur la piste du Grand Palais du 27 juillet au 4 août prochains, le jour J ce sera le 28 juillet pour Yannick Borel. Représentant les Bleus sur la compétition d’épée hommes, il sera fin prêt pour réaliser son rêve d’or olympique à Paris.
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