Handisport Para pongiste ayant déjà connu 3 olympiades, Thomas Bouvais est officiellement sélectionné pour les Jeux paralympiques de Paris 2024. Pour ce champion de tennis de table, décrocher une nouvelle médaille paralympique est la prochaine étape de sa carrière.
À 33 ans, l’athlète de para tennis de table Thomas Bouvais se prépare à participer à ses 4es Jeux. Après Londres (Royaume-Uni) en 2012, Rio de Janeiro (Brésil) en 2016 et Tokyo (Japon) en 2021, où il remporte sa 1re médaille paralympique en décrochant la 3e place, le voilà en lice pour les Jeux de Paris 2024.
En tant qu’Ambassadeur de la Région et bénéficiaire du dispositif Objectif Haute Performance (voir encadré), Thomas Bouvais met un point d’honneur à montrer aux jeunes que rien n’est impossible dans le sport. Et il le prouve par ses nombreux titres !
L’athlète 15 fois champion de France s’entraîne au Levallois Sporting club (92). Il intégrera cet été le Village des athlètes pour être au plus près de la compétition et se préparer dans les meilleures conditions.
Rencontre avec un sportif déterminé à ne rien lâcher pour décrocher une médaille à domicile.
Objectif Haute performance 2024, pour gagner ensemble
Le dispositif « Objectif haute performance 2024 » a permis d’aider plus de 600 athlètes grâce à un accompagnement financier de 10 000 à 16 000 euros pour leur permettre de concilier vie professionnelle avec leurs objectifs sportifs.
Ces sportifs se voient attribuer le titre d’« Ambassadeur du sport de la Région Île-de-France ». Leur mission, à ce titre et sur la base du volontariat : promouvoir les valeurs du sport et favoriser le développement de la pratique sportive auprès des jeunes Franciliens.
Qu’est-ce qui vous a mené vers le tennis de table ? Et quel a été votre parcours sportif par la suite ?
Thomas Bouvais : J’ai commencé le tennis de table à l’école primaire. À l’époque, on s’était fait confisquer le ballon par l’instituteur et il fallait qu’on s’occupe. Il y avait une table qui traînait sous le préau, donc on a fait des tournantes. C’était un sport que je pouvais pratiquer malgré mon handicap contre des personnes plus grandes, de taille normale, garçons ou filles. On pouvait tous se mélanger. C’est ça qui m’a plu dans ce sport. J’ai participé aux Jeux de l’avenir avec la Fédération de handisport et, ensuite, c’est venu progressivement. Même les envies de Jeux sont venues progressivement. Ce n’était pas dans ma tête au début.
Vous êtes sectionné pour les Jeux paralympiques à domicile, que ressentez-vous ?
T.B. : C’est génial ! C’était un peu l’objectif quand Paris a annoncé sa candidature. Le Village des athlètes, où je vais loger, est à 200 m de l’entreprise où je travaille à mi-temps. Le fait de pouvoir vivre dans ce village, juste à côté de mes collègues qui travailleront, c’est déjà un petit symbole plutôt sympa. On m’a proposé de le visiter, mais je préfère avoir la surprise le jour J et le découvrir à ce moment-là ! Et c’est une chance énorme de faire partie d’une génération qui peut participer à ces Jeux. Parce qu’il n’y en aura pas d’autres.
Quel est votre meilleur souvenir des Jeux précédents ?
T.B. : Mon meilleur souvenir, c’est Londres en 2012. C’est mes premiers Jeux. J’avais 21 ans, j’étais plus jeune qu’aujourd’hui et donc forcément le vécu n’est pas le même. J’ai profité à fond, mais on n’a pas le même regard quand on est enfant, c’est un peu comme quand on va pour la première fois à Disneyland ! L’organisation était top, il y avait de l’ambiance, même pour les Jeux paralympiques. Tokyo, c’était mes meilleurs Jeux en termes de résultats. J’ai eu une médaille donc forcément c'est un très bon souvenir. Même si c’était la période du Covid, donc il n’y avait personne dans les tribunes. On avait le stress d’être positif tous les jours et d’être mis en quarantaine. Cette médaille, elle était dure à gagner et je n’en avais jamais eu avant.
Comment la Région vous soutient-elle ?
T.B. : Ce n’est pas forcément sur mes entraînements, mais plutôt un soutien sur mes tournois de qualification. En tant qu’athlète parasport, beaucoup de tournois sont à notre charge, ça coûte de l’argent et donc forcément les subventions aident. Comme je suis au club de Levallois, la Région aide le club et, indirectement, j’en profite. Donc la Région m’aide indirectement aussi au niveau des infrastructures. Elle me soutient aussi avec son dispositif d’aide Objectif Haute Performance 2024.
Quelles valeurs souhaitez-vous transmettre en tant qu’Ambassadeur du sport de la Région ?
T.B. : Des choses simples : que tout est possible peu importe l’âge, peu importe à quel moment on commence un sport, peu importe le handicap. On peut y arriver si on en a l’envie. Dans mes interventions, j’axe beaucoup mon discours sur le handicap, sur l’acceptation du handicap, que ce soit à l’école, dans un club ou ailleurs. Une personne atteinte de handicap visible ou invisible est comme tout le monde. Il n’y a pas de moqueries à avoir et il ne faut jamais se dire que quelque chose est impossible. Certes, il y a des adaptations à trouver. Moi, dans ma pratique, il y a certains exercices que je ne peux pas faire du fait de ma petite taille. Mais par contre, je vais les adapter. Donc, c’est dire que tout est possible. Et puis dans certaines classes, il peut y avoir un enfant atteint d’un handicap et au moins cette personne-là, en entendant mon discours, va se dire qu’elle aussi, elle peut le faire !
Que diriez-vous à un jeune qui souhaite pratiquer un sport à un haut niveau, qu’il soit en situation de handicap ou non ?
T.B. : Que la route est longue. Il faut beaucoup travailler et beaucoup s’entraîner. Il faut modeler son emploi du temps et accepter de faire des sacrifices, comme par exemple les fêtes avec les copains. Il faut s’astreindre à un rythme de vie rigoureux, se coucher tôt, avoir la meilleure alimentation possible. Donc il faut déjà être préparé à ça. Et puis je leur dirais aussi de ne pas s’effondrer ni de baisser les bras à la première déception. Il faut s’accrocher car il y aura plus de défaites que de bons moments. Par contre, il faut savoir profiter un maximum de ces bons moments quand ils arrivent. Comme là avec les Jeux, j’ai envie de prendre du plaisir, d’en profiter et de ne pas rester dans mon coin tout seul pour travailler la concentration. Pendant les Jeux de Rio, j’étais trop focalisé sur moi et sur ma concentration, je ne m’ouvrais pas aux autres et donc j’ai un peu foiré la compétition. Je me mettais trop de pression. Il ne faut pas lâcher même si on obtient pas un bon résultat.
Quel message voudriez-vous faire passer aux Franciliens au sujet des Jeux ?
T.B. : J’espère qu’ils regarderont les Jeux olympiques et paralympiques. Il y a encore des places pour les Jeux paralympiques, notamment en tennis de table. C’est de 15 à 40 euros la place donc ce n’est pas très cher, et les autres disciplines ne doivent pas être beaucoup plus chères. Et si jamais il n’y a plus de places, ils peuvent les regarder autrement. S’il y a des événements dans leur ville, ils peuvent aussi y participer ou bien aller au Club France. C’est une grande fête qui n’appartient pas qu’aux sportifs, mais à tout le monde, et particulièrement aux Franciliens.
Quelles autres disciplines allez-vous regarder pendant les Jeux ?
T.B. : Pour les Jeux olympiques, je n’irai pas sur place assister aux épreuves car on a des stages de préparation pour nos Jeux. Mais entre les entraînements, je passerai mon temps devant la télé ! Et pour les Jeux paralympiques, je vais rester encourager en priorité les athlètes de tennis de table. Je n’aurai pas l’occasion d’aller voir d’autres disciplines, mais je regarderai les résultats dans le village et j’échangerai avec les athlètes.
Que pensez-vous de l’évolution du tennis de table en France aujourd’hui ?
T.B. : En ce moment, les frères Lebrun nous font un bien fou. Ils donnent une visibilité sur la pratique du tennis du table. Les non-sportifs et les sportifs qui ne pratiquent pas forcément la discipline connaissent les frères Lebrun. Et on en profite tous. Aujourd'hui, on peut facilement voir du tennis de table. On peut voir sur YouTube chaque open et notamment les opens des frères Lebrun. Et chaque discipline un peu méconnue et qui fait parler d’elle ramène des licenciés.
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