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Littérature Écrivain à succès, Laurent Gaudé a pris part en 2024 aux Lectures à voix haute de la Région Île-de-France. Grâce à ce dispositif, des auteurs interviennent dans des lycées franciliens pour échanger avec les élèves et partager leur amour pour la littérature. Alors que l’édition 2025 du Festival du livre de Paris approche à grand pas, nous sommes allés à la rencontre du Prix Goncourt 2004 avec son roman Le Soleil des Scorta.

Lancées en 2022, les Lectures à voix hautes de la Région Île-de-France s’adressent à tous les élèves des lycées d’enseignement général, technologique, professionnel et agricole. Le but ? Permettre aux élèves de rencontrer des auteurs, acteurs, comédiens, etc. qui viennent à leur rencontre dans leur classe.

En 2024, Laurent Gaudé s’est prêté à l’exercice. Alors que le Festival du livre de Paris prendra ses quartiers au Grand Palais, à Paris (8e), du 11 au 13 avril 2025, nous avons rencontré le lauréat du Prix Goncourt des lycéens 2002 avec le roman La Mort du roi Tsongor, et du Prix Goncourt 2004 avec le roman Le Soleil des Scorta, pour qu’il partage avec nous sa vision de la littérature et la façon dont il a vécu et appréhendé cette rencontre avec les lycéens franciliens.

Rencontre avec l'écrivain Laurent Gaudé

Selon vous, c’est quoi être écrivain ? Quel sens donnez-vous à ce métier ?

Laurent Gaudé : Je pense que c’est un entre-deux. C’est une drôle de position entre la contemplation du monde et le désir d’action, entre le doute et la volonté. Être écrivain, c’est se situer un peu en retrait du monde parce que de fait on a besoin d’un temps, d’un silence qui fait que l’on ne peut pas participer à la course du monde au même rythme qu’un journaliste par exemple. Il y a donc quelque chose de l’ordre du retrait, de la mise à distance du monde mais également l’envie par ce détour d’en être et d’interagir avec le monde. Nous avons donc une position un peu paradoxale de retrait du monde pour mieux en être.

Quel est votre rapport à la littérature ?

L. G. : La littérature c’est ne pas se satisfaire de cette stricte réalité selon laquelle nous n’aurons qu’une seule vie. C’est le point commun entre ceux qui écrivent et ceux qui lisent. Nous cherchons à nous remplir d’autres vies que celle que l’on mène. On sait que dans la réalité nous n’aurons qu’une seule vie, celle qui nous a été donnée avec un seul nom, une seule profession. Finalement c’est assez réduit. La fiction réouvre des portes avec le fantasme de pourvoir vivre « plus large », vivre d’autres expériences. Lire et écrire, c’est vivre des choses.

Quand on a 20 ans l’écriture part du ventre, d’un fort appétit du monde. On a envie de tout dire, on a envie d’exister, de prendre la parole. Avec le temps on a une écriture qui part de la mémoire et non plus seulement du ventre.

À quel moment dans votre parcours avez-vous désiré devenir écrivain ?

L. G. : Je ne sais pas pourquoi je suis devenu écrivain, pourquoi c’est cet endroit qui est le mien et qui me satisfait le mieux. Je serais bien incapable de le dire. Mais je pense aussi que c’est bien de rester avec ce mystère. Je ne suis pas le même écrivain que lorsque j’ai débuté parce que le temps fait son œuvre et que je ne suis plus le même homme. Aujourd’hui pour moi l’écriture ne part plus tout à fait du même endroit. Quand on a 20 ans l’écriture part du ventre, d’un fort appétit du monde. On a envie de tout dire, on a envie d’exister, de prendre la parole. Avec le temps on a une écriture qui part de la mémoire et non plus seulement du ventre. On est peut-être plus dans une forme de nostalgie ou de mélancolie. Le temps nous change.

Pour les auteurs c’est un très beau cadeau de voir que la jeunesse travaille sur nos textes. Moi je n’en reviens toujours pas. Savoir que mes textes circulent dans les classes, sont pris en charge par les professeurs, c’est magnifique !

Vous avez participé à une séance de lecture à voix haute avec des lycéens franciliens. Comment avez-vous abordé cette intervention ?

L. G. : Quand on est un auteur vivant c’est une chance incroyable d’être présent dans les classes. J’ai repensé à l’élève que j’étais, car à mon époque cela ne se faisait pas du tout. On n’étudiait au collège et au lycée que des auteurs morts. C’est bien que les élèves comprennent qu’il y a une littérature contemporaine de leur temps. C’est bien qu’ils se disent que l’on peut être jeune et écrire. Et pour les auteurs c’est un très beau cadeau de voir que la jeunesse travaille sur nos textes. Moi je n’en reviens toujours pas. Savoir que mes textes circulent dans les classes, sont pris en charge par les professeurs, c’est magnifique !

Quels souvenirs gardez-vous de vos rencontres avec les lycéens ?

L. G. : Ils ont une fraîcheur. Ils posent des questions que peut-être des adultes ne poseraient pas, qui sont des questions de découverte du métier. C’est bien de leur expliquer ce qu’est concrètement la vie d’écrivain. Et puis sur le texte, sur le fond, ils ont un sérieux. Ils sont pertinents et impliqués. Comme ils m’ont d’abord rencontré à travers un livre, c’est amusant de se dire qu’on peut poser des questions au bonhomme qui l’a écrit et qu’il va y répondre. Je termine toujours ces rencontres avec un petit laïus sur la contemporanéité. Ils n’ont aucun problème à suivre un chanteur qu’ils aiment, ou un rappeur, un acteur. Ils vont naturellement les voir en concert ou voir leur dernier film. Alors il n’y a aucune raison de ne pas faire la même chose avec les écrivains. Je ne vois pas pourquoi nous serions dans la naphtaline. Ce type d’initiative qui leur fait rencontrer des auteurs contemporains crée cette possibilité. J’aime bien cette idée.

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